L’utilisation du Cardiofréquencemètre
A vos calculettes, prêts, roulez !
Je me souviens de mon premier cardiofréquencemètre sur lequel j'avais les
yeux rivés lors de mes sorties d'entraînement. Je remarquais de quelle façon les
battements de mon cœur augmentaient dans les bosses, dans les sprints et même
dans mes fous rires. J'avais un peu de mal à interpréter la fréquence cardiaque
(FC) moyenne sur l'entraînement et ne savaispas non plus tirer partie de cet
instrument pendant l'exercice.
Comme chacun le sait, le cardiofréquencemètre (CFM) est un appareil destiné à
enregistrer la fréquence cardiaque, en comptant les battements cardiaques sur un
intervalle de temps fixe de quelques secondes. Certains modèles, peuvent
comporter des alarmes réglables, un chronomètre et surtout une mémoire. Cette
fonction est la plus importante car elle permet d’enregistrer la FC moyenne sur
un temps donné et d’afficher la courbe de FC sur un ordinateur.
L'intérêt du CFM réside dans le fait qu'il existe une relation linéaire entre le
débit cardiaque (DC) et la dépense énergétique que l’on peut mesurer par la
consommation d’oxygène (VO2).
Or, le débit cardiaque dépend lui-même de la fréquence cardiaque, d’où une
relation linéaire entre FC et VO2,
lors d’un exercice de puissance croissante.
Le CFM va
permettre de connaître tout d’abord deux notions de base : la FC de repos et la
FC maximale. La FC de repos est celle observée lors d’un repos allongé de
plusieurs minutes, loin d’un exercice physique. L’observation régulière de la FC
dans la vie courante permettra au sportif d’avoir une idée précise des valeurs
de repos, et de son évolution au cours de l'entraînement.
De là, la notion de réserve de fréquence cardiaque qui représente la différence
entre la FC maximale et la FC de repos (FCréserve = FCmax – Fcrepos), permettant
de quantifier plus précisément le pourcentage de fréquence cardiaque utile lors
d’un exercice donné.
A l’exercice, le CFM n’est utile que pour quantifier les exercices continus. En effet, au cours d’exercices discontinus de moins d’une minute de plus, il est impossible d’atteindre un état stable de FC : les pics de FC constatés dépendent des situations de jeu précédentes, de leur niveau et de la récupération entre les situations. C’est en fait l’enregistrement de la FC, lors d’exercices continus, tel que c'est le cas en cyclisme, qui justifie l’utilisation du CFM. On obtient des fréquences cardiaques stables qui correspondent pour les sportifs, à des niveaux d'intensités d’exercices et de dépense énergétique précis.
Il est alors possible de connaître l’intensité exacte de l'exercice qui a été réalisé en déterminant le pourcentage de fréquence cardiaque est donc de VO2max. Pour cela, il faut ôter à la fréquence cardiaque moyenne la fréquence de repos : cette valeur représente alors la valeur absolue d'intensité de l'exercice. Pour connaître l'intensité en pourcentage de VO2max, il suffit alors de la multiplier par cent et de la diviser par la réserve de fréquence cardiaque. Inversement, si l'on veut travailler à une intensité donnée, on multiplie celle-ci à la réserve de fréquence cardiaque auquel on ajoutera la fréquence de repos. Un exemple : si ma fréquence cardiaque maximale est de 200bpm et ma fréquence cardiaque de repos de 50bpm alors ma réserve de fréquence cardiaque est de 200 – 50 soit 150bpm. Si j'effectue un exercice à 160bpm de moyenne l'intensité absolue est de 160 – 50 soit 110bpm ; 110bpm représente 110 x 100 / 150 soit 73 % de VO2max. Inversement, si je veux travailler à 75 % de VO2max alors je dois multiplier 150 par 0,75 que j'ajoute à 50 ce qui me donne 162bpm.
En connaissant alors les principes d'entraînement, il est facilement possible d'utiliser la fréquence cardiaque afin d'effectuer un entraînement des plus précis.
Calculez votre charge d'entraînement
Il est très difficile d'évaluer sa charge d'entraînement.. En effet on ne peut pas se baser uniquement sur le nombre de kilomètres que l'on a parcourus. Faire 60 km à 40 km/h ou à 20 km/h heure ne représente évidemment pas la même charge d'entraînement. Cet exemple se veut de mettre en évidence que pour calculer une charge d'entraînement il faut prendre en compte à la fois le volume et l'intensité de l'entraînement. Afin de calculer le volume on peut utiliser soit le nombre de kilomètres parcourus, soit la durée effectuée. Le problème de l'intensité est plus délicat. Le modèle que nous allons vous proposer se base sur la fréquence cardiaque qui évolue de manière linéaire avec l'intensité de l’exercice, c'est-à-dire l'impact sur le système cardio-vasculaire.
La charge est alors exprimée par un produit établi à partir de sa durée et son intensité déterminée par le pourcentage de fréquence cardiaque, affectée d’un coefficient exponentiel dépendant du sexe, selon un modèle proposé par Banister et Hamilton (1985).
La charge est
ainsi calculée :
W(t) = d.k.x
avec x = (Fcexercice – Fcrepos)/(Fcmax - Fcrepos)-1
d = durée de l’exercice en minutes
k = 0,64.e1,92x chez l’homme et 0,86.e1,67x chez la femme
Un exemple : si je reprends ma fréquence de de repos à 50 et ma FC Max de 200 et que j'effectue un exercice de 100 minutes à 150 alors x = (150 – 50)/(200-50) soit 0,667 et ma charge est de 0,64.e1,92.0,667 x 0,667 soit 153 trimps pour « training impulse ».
Cette méthode de quantification de la charge d'entraînement a pour intérêt de pouvoir comparer des exercices aussi bien en course à pied qu’en natation ou qu’en cyclisme. Il est toutefois nécessaire que l'exercice réalisé soit représentatif pour la fréquence cardiaque.
A vos calculettes et bonne route !
Mickaël BOUGET