Loïc Coltel : le Tour de France ... un Rêve devenu Réalité

Comment as-tu été retenu pour faire le Tour de France ?

«  Après avoir envoyé une trentaine de lettres de candidatures au mois d’octobre 2003 pour faire le tour, j’ai reçu d’emblée une vingtaine de retours négatifs et seulement 2 réponses me proposaient une suite. Après quelques entretiens téléphoniques et 2 entretiens à Paris, j’ai appris avec plaisir que j’étais retenu dans le "staff" NIKE en tant que stagiaire non rémunéré pour la durée d'un mois sur le Tour 2004. »

Quelle était ta fonction sur le Tour De France ?

« Les tâches qui m’étaient affectées étaient de nature très différentes, par conséquent très intéressantes. Je devais accueillir les invités de chez NIKE (France, Europe, et Monde) ainsi que les clients conviés à venir au village-départ du Tour, ou bien  dans les cars VIP à l’arrivée. 2 d’entre eux étaient "invités journée", ils profitaient donc du village, de l’arrivée, et avaient le privilège supplémentaire de vivre la course avec les ravitailleurs de l'équipe Brioches la Boulangère (BLB). Après les avoir présentés à leurs chauffeurs, je convoyais leurs véhicules à l'arrivée.
Le matin, je profitais donc du village et des nombreuses animations qui s'y déroulent, de la caravane publicitaire avec ses charmantes hôtesses, du parking équipes, du podium signatures par lequel tous les coureurs passent émarger avant le départ, et j'assistais au départ. Le soir j'étais dans "l'espace Tourmalet" (un des 3 cars VIP) pour assister à la fin de l'étape sur l'écran géant puis à l'arrivée en direct accompagnée de petits fours et de champagne. On en prend vite l'habitude, mais sur le vélo il va falloir porter les bulles pendant un bon moment … »

Qu’as-tu retenu de cette expérience ?

« Au plan humain, j'ai été très impressionné par la "folie" des spectateurs ainsi que celle des journalistes envers les coureurs. J'étais avec les gars de BLB tous les jours. Avant que Voeckler ne prenne le maillot jaune, l'équipe était totalement ignorée par la plupart du monde, ce qui permettait aux coureurs de se déplacer assez aisément. Mais après cette échappée qui lui a permis de s'emparer du maillot, une horde de photographes, de spectateurs, … accompagnait dans tous ses déplacements cette superbe équipe!
A la différence du Dauphiné Libéré, la plupart des personnes de l'organisation, des sponsors, de cette petite "planète" qu'est le Tour, ne sont pas des passionnés de vélo, ni même de sport. Ils sont présents uniquement pour l'événement et le gigantesque business qui l'accompagne !
Je voulais faire le Tour pour découvrir la France et suivre la plus grande course de vélo du monde, mais il n'en a rien été. Toutes les autoroutes de France ont de grandes ressemblances, avec notamment un point commun pour la Belgique, le Nord, et la Bretagne : il y pleut toujours !!!
Excepté le chrono de l'Alpe d'Huez où j'ai suivi un coureur d'AG2R : Yuri Kristov. On ne pouvait rien suivre des étapes, uniquement les dernières lignes droites. Ceci du fait qu'il fallait prendre soin des invités en permanence. Cela a été pour moi très formateur, notamment par le fait de rester discret et disponible dans toutes les circonstances (stress car je vous assure qu'il y en a, euphorie, fatigue, difficulté de langue, …).
Le fait d'avoir pu rencontrer un très grand nombre de personnes (de tous bords, tous milieux, tous pays, …) a été pour moi très enrichissant. Le contact régulier avec certains coureurs (actuels, anciens, même très anciens), des gens de l'organisation, d'autres partenaires, quelques invités,… m'a ouvert les yeux sur une multitude de choses! Pour donner quelques exemples, je peux citer des échanges sur la politique avec un invité chilien de NIKE et des basques d'Euskatel dans leurs pays respectifs. Des discussions à propos de l'opération "Livestrong" avec des américains ayant mis en place cette opération. Egalement sur le transfert de joueurs de foot avec un "boss" du PSG. Avec "Michel" l'ardoisier du Tour on a parlé plusieurs fois de "l'opération 1000 vélos pour le Fasso". Toujours aussi intéressant j'ai abordé avec un  garde du corps de Lance et un lieutenant de Police les moyens de protection de Sheryl Crow et Lance Armstrong mis en place sur le Tour. Enfin de manière plus spécifique au cyclisme on a discuté matériel avec le directeur de TREK Chine, des futurs tenues de vélo avec un australien (responsable de produit) et un américain (designer) de chez NIKE, … »

Pour conclure peux-tu faire un aperçu de la vie sur le Tour ?

« Le matin le réveil était assez tôt, du fait qu'il fallait être une heure avant l'ouverture du village départ, qui lui, ouvrait 3 heures avant le départ de la course. Puis tout se passait très vite car beaucoup de monde passe au stand, les animations s'enchaînent… Ensuite il fallait ranger le stand, puis rallier au plus vite l'arrivée. La journée s'achevait très tard après, la plupart du temps, un long transfert en direction de l'hôtel (chaque soir le Tour devait loger 5000 personnes), un bon repas, et une grosse soirée lorsque le rapprochement de l'hôtel le permettait.
Pour terminer j'aimerais insister sur le fait que j'ai eu le privilège de passer un mois inoubliable, avec plus de 7000 kms de voiture, des charmantes rencontres que l'on ne peut faire que sur le tour, et  4 "méga-bringues", …
Bref une expérience exceptionnelle que j'aimerais, si possible, renouveler dès l'été prochain. Car lorsqu'on a goûté au monde des "pros" par le Dauphiné Libéré, le Tour De France et le Tour de l'Ain ; on a une seule hâte : c'est d'y retourner… »